À notre premier rendez-vous, je l’ai prise dans mes bras épuisés et elle m’a fixé comme si j’étais l’univers révélé enfin dans ses yeux immenses. J’y ai vu nos heures de relation à distance au travers mon ventre qui dévoilait enfin nos visages à l’une et l’autre. Ce fut l’amour au premier regard.
J’ai embrassé son front, le nez dans ses cheveux. Ce parfum dans ma mémoire est un serrement de cœur tant les années ont défilées à trop vive allure. Il y a si peu de temps, elle me confiait ses premières amitiés, ses premières peines. J’ai serré sa tête contre mon cœur, lui promettant des lendemains meilleurs.
Je suis restée une mère, même quand l’indépendance nous a distancés. Elle voulait respirer sans moi et j’apprenais à vivre dans son ombre, prête à ce qu’elle se retourne et me tende les bras.
Les années ont raccommodé notre écart et je n’étais plus que sa mère : j’étais redevenue sa confidente et même, son amie.
Mon cœur pleure aujourd’hui et pleurera pour toujours son départ. Ce n’est pas dans l’ordre des choses qu’elle nous ait quitté avant moi. La douleur que j’ai n’a pas de nom. Je ne suis ni veuve ni orpheline. Il n’y a pas de mots pour décrire la perte de son enfant. C’est bien trop difficile à vivre et à exprimer que seuls le silence et les larmes en disent la peine.
Elle est partie, mais il est une chose qu’on ne m’enlèvera jamais. Elle est celle qui a fait de moi une mère pour toujours. Je vais chérir jusqu’à la fin, chacun des souvenirs sans trier les bons ou les mauvais, car elle était entière et vraie.
Prenez vos enfants dans vos bras et inondez-les de votre amour. Restez toujours prêts à leur montrer en paroles ou en gestes, même s’ils sont distants, à quel point leur vie vous est chère. Aimez jusqu’au bout et malgré tout.
Nastassia Charest